CHRISTINE ou la révélation
d'une bourgeoise
CHAPITRE 3
Quelques jours passèrent
ainsi. Toute la journée, j'écrivais des lettres. Je veillai
mon gamin malade. Et le soir nous nous remontions le moral mon mari et
moi, en faisant l'amour avec frénésie. Chaque jour je guettais
le facteur, mais aucune réponse ne se présentait. Par contre
le banquier me pria de passer au plus vite le voir. Je ne comprenais pas
l'objet de cette requête dans la mesure où je savais mon
compte approvisionné. Cependant je ne perdais pas de temps et me
présentais dans la journée devant cet employé de
banque.
Il me reçut d'une manière solennelle. Une fois assise en
face de lui, dans son petit bureau aux cloisons en verre dont la discrétion
vis à vis des clients présents au guichet laissait à
désirer. Il m'apprit qu'il était au courant de l'issue de
mon entrevue avec M. Nordan et qu'il trouvait cela fâcheux. Delà
je devais bien comprendre que les accords antérieurement passés
devenaient caduques. Dorénavant je ne devais plus compter sur la
compréhension de son établissement. Je protestais énergiquement,
mais il fallait bien reconnaître qu'il était dans le vrai.
En effet je ne pouvais espérer dépenser de l'agent que je
n'avais pas. Pour ce faire il aurait fallu un accord bancaire qui, on
le sait n'est attribué qu'à la tête du client. Alors
je l'implorais de bien vouloir m'aider, de me conseiller. Que fallait-il
que je fasse? Apparemment cela n'était pas son problème.
Mais il fallait qu'il se sente concerné. C'est pourquoi je décidais
de tout lui raconter, comment c'était passé l'entretien
avec M. Nordan. Une fois toute cette fange étalée, il ne
pourrait pas me laisser. Il comprendrait et ne m'abandonnerait pas. C'est
donc très gênée et mal à l'aise que je lui
narrais ma déconvenue. Au fur et à mesure de mes explications
je vis naître sur ses lèvres son petit sourire narquois.
Ceci me troubla d'autant plus. Mais tant pis, il fallait au bout de ma
justification. Arrivée au terme de mon monologue, il fixa mes jambes
et me conseilla de voir M. Nordan. Lui seul avait le pouvoir de régler
tous mes problèmes. Quel scandale ! comment un banquier pouvait-il
me pousser vers une telle débauche ? C'était une honte.
Il me restait encore une quinzaine de jours de trésorerie. Je devais
donc tenir. Une bonne nouvelle nouvelle arriverait bien ! Je le quittais
malgré tout désappointée.
Les fatidiques quinze jours arrivaient à échéance.
Une lettre en recommandée me fut adressée. C'était
la banque qui me signifiait l'injonction de ne plus émettre de
chèque. Je ne comprenais pas. D'après mes calculs mon compte
devait être encore légèrement créditeur. Je
téléphonais à l'employé de banque qui m'informant
de la position débitrice de mon compte après débits
des agios du découvert accordé. C'était la catastrophe.
Cependant il m'informa que j'avais un mois pour régulariser et
que seul M. Nordan pouvait me tirer de ce mauvais pas. Il n'avait peut-être
pas tord. Mais je ne pouvais tout de même pas faire ça. Et
j'ai craqué. Les larmes ruisselaient sur mes joues. Les sanglots
m'étouffaient. Je restais ainsi prostrée devant ce téléphone
pendant plus d'une heure. Enfin, très meurtrie, je décrochais
l'appareil et appelais la NORDAN & Cie. On me fit que le patron était
absent. Toute la journée je cherchais à le joindre, en vain.
Le lendemain le même scénario se déroula. Le troisième
jour on m'informa que M. Nordan n'avait pas convenance à me répondre.
J'en fus abattue. Je décidais donc d'en informer la banque. Cela
semblait le contrarier. Toutefois il me demanda de passer le voir sur
le champ avec ma robe parme. Je compris le piège mais ne m'y dérobais
pas étant prête à tout maintenant.
Je me retrouvais dans l'aquarium bancaire. Une fois assise, bien sur,
ma robe découvrit mes cuisses, mais je laissais faire, sachant
très bien que c'était ce qui était attendu en face.
Ce qui me gênait le plus, finalement, c'était le manque des
discrétion de ce bureau. L'employé radieux contemplait sans
vergogne mes jambes offertes, alors que j'étais rouge comme une
pivoine. Après lui avoir résumé l'attitude de M.
Nordan à mon égard, je lui faisais part de ma soumission.
Il me proposa d'intercéder en ma faveur auprès du chef d'entreprise
pour qu'il me reçoive. Il appela M. Nordan. Il l'informa de ma
docilité. Il lui précisa qu'il avait une vue sympathique
sur mes jambes. Un drôle de dialogue s'instaura au téléphone
entre eux et je n'en avais qu'une partie. Non il ne voyait pas si je portais
des bas. Il me demanda donc de dégager plus haut mes cuisses. J'étais
terriblement gênée et outrée mais j'obtempérais
en ouvrant un peu plus le portefeuille de ma robe. Cette fois il voyait
très bien que j'avais enfilé un collant. Il en informa son
interlocuteur. Il me fit écarter les jambes que j'avais gardées
bien jointes. Morte de honte j'obéissais. Il répondit par
l'affirmative qu'il distinguait parfaitement ma petite culotte en précisant
qu'elle était rose. Je dus ensuite, anéantie, lui confirmer
de vive voix que j'étais d'accord pour montrer mes seins à
M. Nordan. Il raccrocha le combiné et m'invita à prendre
rapidement rendez-vous avec le patron. Personne dans la banque n'avait
remarqué notre petit manège. Néanmoins j'avais eu
très peur. Un seul voyeur me suffisait amplement. Je le quittais
donc, humiliée. Je rasais les murs en rentrant à la maison.
Arrivée j'appelais M. Nordan que j'eus de suite. Il voulait savoir
si j'avais réfléchi et si cette fois, sans susceptibilité,
il était possible de poursuivre l'entretien ? Je le rassurais,
en chevrotant, quant à mes mes nouvelles dispositions. Il me transmit
donc ces desiderata pour notre prochain rendez-vous.
Le soir j'avisais mon mari qu'un nouvel employeur m'avait contacté
et que je devais le voir le lendemain.
Après avoir expédiée ma fille aînée
à l'école et mon mari au boulot, je m'enfermais dans la
salle de bain afin de me préparer comme l désirait mon recruteur.
Au sortir du bain je mettais mon soutien-george, le porte-jarretelles
blanc que j'avais acheté la veille. J'enfilais les bas. Puis un
slip assorti. Par dessus je devais simplement enfiler un tailleur. Et
pour finir je chaussais mes pieds d'escarpins à talon haut. Ainsi
accoutrée, je regardais mon reflet dans la glace de l'armoire.
Je me trouvais à la fois belle et vulgaire, avec ma veste qui avait
du mal à dissimuler ma poitrine, sans compter le tiraillement au
ventre du porte-jarretelles.
A dix heures précise je me présentais, une nouvelle fois
à l'hôtesse d'accueil. Elle m'informa que M. Nordan m'attendait
dans le petit café un peu plus haut au coin de la rue. Une angoisse
atroce me fit trembler. Qu'avait-il encore inventé pour m'humilier.
Ne pouvant toutefois plus reculer, j'allais vers ce bar. Il m'attendait,
en effet, dans l'arrière salle. Il était seul. Je reprenais
un peu courage, l'établissement étant désert. Il
m'invita à m'asseoir à sa table après m'avoir saluée.
Immédiatement il m'ordonna de découvrir mes seins. J'hésitais
malgré toute ma détermination. Il m'observait. Je défis
le bouton de ma veste, écartais les pans et commençais à
sortir un sein du soutien-gorge, mais il m'arrêta de suite. Il m'expliqua
que je ne devais pas procéder ainsi. Il fallait que j'enlève
ma veste, la poser sur le dossier de ma chaise et que je dégrafe
mon soutient-gorge et le pose sur la table. Ma méthode aurait eu
l'avantage, au cas où des intrus seraient arrivés, de me
recouvrir en fermant ma veste. Mais il me demandait de m'offrir complètement
à la vue de tout consommateur s'introduisant dans ce café.
J'étais affolée, une boule se coinça dans ma glotte.
Je réussissais à déglutir et face à son regard
de sadique, je parvenais a ôter mon blazer. Mes mains tremblaient.
Je n'arrivais pas à défaire mon sous-vêtement. Enfin
les crochets sautèrent et mon soutien-gorge pendait par les bretelles.
Je les faisais glisser le long de mes bras et le posais comme convenu
sur la table. Je gardais les mains sur les genoux pendant qu'il contemplait
sans broncher mes seins. Ils étaient encore convenable, en poire,
lourds. Il me détaillait comme un maquignon au foirail. Pour lui
ma poitrine était agréable à regarder et que c'était
une honte d'enfermer de tels trésors et répréhensible
de les cacher à la vue de son prochain. Il se moquait de moi. J'étais
morte de honte, humiliée, effondrée d'être ainsi traitée
comme du bétail. Une serveuse se présenta devant nous. Vifs
comme l'éclair mes deux bras vinrent couvrir ma nudité.
J'étais rouge de confusion et mal dans mes baskets. Elle me dévisagea
d'un air compatissant en nous demandant ce que nous voulions consommer
? M. Nordan me signifia que ma conduite était déplacée
et que je devais laisser mes bras bien à plat sur la table. La
fille me sourit et lentement j'obéissais. Nous prîmes des
cafés et elle disparut.
Mon interlocuteur, satisfait de la tournure des événements,
me fit comprendre que l'entretien pouvait maintenant se poursuivre normalement,
en espérant, cette fois, qu'il ne serait plus, malencontreusement,
interrompu. Il n'avait pas beaucoup aimé d'apprendre comment j'avais
osé m'exhiber devant ce petit employé de banque. De savoir
qu'il avait pu voir ma culotte le contrariait fortement et que, en conséquence
de quoi, il se voyait dans l'obligation de m'infliger une punition. J'étais
abasourdie et outrée. L'hypocrite, une telle mauvaise foi était
affolante. Il poursuivit en me demandant de bien vouloir me mettre debout
à coté de la table. J'exécutais son ordre avec prudence.
Puis je dus relever ma jupe jusqu'à découvrir mes jarretelles,
et encore plus haut. Mon slip apparut. J'exhibais ainsi pour finir mon
bas vente. Comme il me le demandait je tournais sur moi-même afin
de bien lui montrer le recto et le verso. Je restais ainsi quelques instants.
De quoi avais-je l'air dans ce bar à m'exhiber ainsi ? les seins
à l'air, le jupe entièrement troussée, je m'offrais,
malgré moi, au regard malsain d'un voyeur obsédé,
comme une vulgaire putain. Il appela la serveuse tout en m'obligeant à
garder ma pose. Elle se présenta sans marquer de surprise. Je devais
maintenant lui demander de m'enlever ma culotte. Je ne le pus. Des sanglots
me brouillèrent les yeux. Je laissais tomber ma jupe en me vautrant
sur ma chaise pour me cacher la tête dans les bras couchée
sur la table. Ilv m'invectiva, en me précisant que c'était
ma dernière chance et qu'il fallait impérativement que j'obéisse.
Mais rien n'y fit. J'enfilais prestement ma veste et rentrais chez moi
m'étendre sur mon lit pour piquer une crise de nerfs.
(à
suivre)
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